Une invitation hors du commun

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Une invitation hors du commun

« Allô, je vous appelle parce que j’ai reçu votre lettre d’invitation et je veux être sûre que ce n’est pas une blague ». Chargée de prendre les appels des personnes tirées au sort, j’ai dû répondre plusieurs fois à cette question. Evidemment que la démarche peut surprendre : vous êtes invité·e à discuter pendant 3 weekends avec 59 autres citoyens et citoyennes d’un sujet hautement politique et dont vous n’êtes absolument pas spécialiste. Cela a tout d’un canular. Et pourtant…  

Et pourtant, c’est avec sérieux que We Need To Talk veut donner la parole aux citoyens et citoyennes sur la question du financement des partis politiques. Cette question est au cœur même du fonctionnement de notre système politique. Les partis jouent un rôle essentiel dans notre démocratie et les moyens financiers dont ils disposent influencent leur mode de fonctionnement. Il s’agit d’une question à la fois symbolique et technique. Le dossier est bloqué depuis des années mais nous pensons qu’un débat serein, loin des échéances électorales et des intérêts partisans, peut aider à le faire avancer.    

« Bonjour, j’ai reçu votre lettre. C’est incroyable ! J’ai l’impression d’avoir gagné au Lotto. L’argent dans la politique, c’est un sujet qui m’intéresse ». Le débat public que nous lançons touche une corde sensible même si on le limite spécifiquement à la question du financement des partis. « C’est dommage, j’aurais eu beaucoup de choses à dire sur le financement des soins de santé ! » me dit Sylvie, infirmière à la pension. « Je m’inscris quand même. Je ne veux pas rater cette occasion de prendre part à la discussion ! ».

« Je voudrais savoir si je ne peux pas venir à la place de ma compagne. C’est elle qui a reçu l’invitation. » Derrière ce monsieur, j’entends jouer deux jeunes enfants. L’invitation est strictement personnelle pour respecter le principe du tirage au sort qui donne à chacun la même chance de participer, même aux jeunes mamans. D’ailleurs, une garderie accueillera les enfants pendant les 3 weekends. Le papa sourit : « On va s’organiser pour que ma compagne puisse venir. »

Près de 400 personnes tirées au sort sont aujourd’hui prêtes à s’organiser pour venir à Bruxelles pendant trois weekends et chercher des solutions au financement des partis. Sans compter toutes les personnes qui auraient voulu s’inscrire sans avoir reçu la précieuse lettre d’invitation. Un deuxième tirage au sort parmi les inscrit·es permettra d’arriver au nombre de 60, comme prévu.

Non, ce projet n'est pas une blague. Et l'engagement de tous ces citoyens, nous le prenons au sérieux.

Isabelle

We Need To Talk